Reggae / Ragga
Reggae, Ragga et Ska on un point commun (parmi d'autres), ils proviennent tout les trois du même pays : La Jamaïque.
Seul diffère l'époque de leurs apparitions. Le Ska est le plus ancien il apparait à la fin des années 50, le raggae à partir de 1968 et le ragga au milieu des années 1980.
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Commencons donc par le premier : le Ska.
Le ska se dégage peu à peu des différents styles, caractérisé par ce rythme syncopé marqué par un temps fort sur les deuxième et quatrième temps de la mesure. Le jeu de guitare correspond au contretemps du R&B et au piano du boogie. Les cuivres sont ajoutés pour les solos de jazz, ainsi qu'une contrebasse très en avant, comme pour le merengue, le calypso et le mento. Souvent, les morceaux joués sont instrumentaux, frénétiques et soutenus. En 1960, le ska se distingue et devient un genre à part entière. Aussi, certains affirment que le mot « ska » est né du son que produit la façon sèche de plaquer des accords sur la guitare, d'autres affirment que ce mot est la déclinaison du mot skavoovee, crié par un pianiste qui a participé à l'émergence du genre. En 1964, c'est l'explosion avec le premier hit international « My Boy Lollipop » de Millie Small. Tournant décisif aussi, la formation des Skatalites ; s'ensuivront des dizaines de reprises des vieilles chansons R&B version ska. La machine ska est désormais lancée et dévaste tout sur son passage
Le ska se décompose en 3 générations : la première dans les années 60, avec Jimmy Cliff en tête, la seconde dans les années 1980-85. Puis une troisième génération depuis les années 90 ou les groupes et artistes français ne manque pas.
Voici le groupe Espagnol Ska-P avec le titre connu "Legalization" ; un groupe ska qui continue aujourd'hui son chemin.
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La suite chronologique c'est l'apparition du reggae à partir de 1968, Il est le fruit de nombreuses rencontres et de métissages : évolution du ska puis du rocksteady, il trouve ses racines dans les rythmes et musiques blanches coloniales qu'on faisait jouer aux esclaves mais aussi musiques de type militaire.
Le reggae est une musique ayant une structure rythmique très marquée. Cette structure peu remplie mais très tranchante est donnée par la guitare rythmique qui accentue le second et le quatrième temps et la batterie qui accentue le troisième par un coup de caisse claire et de grosse caisse synchronisés. À cette structure s'ajoute le pilier central : la basse, qui assure le fondement mélodique du rythme. Les "riddims", structure rythmique au fondement des musiques jamaïcaines à partir de 1967, sont généralement déterminés par leur ligne de basse.
Le reggae peut-être caractérisé par :
- Un rythme à quatre temps, avec accentuation par la basse et batterie sur les temps faibles.
- Le skank qui désigne le contretemps (ou after-beat) propre au reggae (en fait une accentuation du second et quatrième temps), généralement marqué par un accord plaqué joué par la guitare rythmique ou le clavier.
- Un coup de caisse claire sur le one drop (3e temps).
Voici la rythmique du Reggae et celle du Ska pour que vous voyiez la différence.
Le reggae ne cessera pas d'évoluer pour autant, tant au niveau du rythme qu'au niveau des instruments.
- 1968 - 1970 : le early reggae : tempo rapide, dû aux influences du mento local encore très rythmé, prédominance de la basse
- 1970 - 1976 : le one-drop : tempo medium, rythme plus lent, temps fort de la caisse claire sur le 3e temps
- 1977 - 1980 : le rockers parfois décliné stepper avec les 4 temps frappés à la batterie, ainsi qu'une caisse claire très tonique, presque "folle"
- 1981 : le early dancehall ou rub-a-dub : tempo lent, prédominance de la basse et de la batterie (balance entre un coup de grosse caisse sur le premier temps, et un coup de caisse claire sur le troisième)
- 1985 : le early digital : rythmique rapide, entièrement composé sur boîte à rythmes
C'est à partir de 1973, avec le succès de Bob Marley & The Wailers puis d'autres groupes comme les Gladiators et Black Uhuru que le reggae prend une dimension internationale. Dès lors, il pourra non seulement continuer à évoluer en Jamaïque, mais aussi reprendre son métissage à travers le monde. On en revient à nos musiques urbaines et au fait qu'elles sont cosmopolite.
Le reggae s'exporte et chaque pays à ses adeptes. Après Bob Marley fer de lance de la culture reggae d'autres prendront la suite en France nottament on peut citer : Broussai, Danakil, Dub Incorporation, Nuttea, Pep's, Taïro, Tom Frager, Tonton David, ou encore Massilia Sound System, Pierpoljak, Root'System, Tryo...
Je vous invite à faire un tour sur un site dédié au reggae : http://www.reggae.fr/ et bien la liste des artistes reggae est loin d'être exostive. N'hésitez pas à creuser un peu plus du coté des artistes Jamaïquains des années 60 -70 pour retrouver l'authenticité du reggae.
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Et on termine avec le Ragga ou Raggamuffin' (« va-nu-pieds », « galopin », "glandeur" en français). Ce terme désigne donc à l'origine une catégorie d'individu mais pas un genre musical. Les « raggamuffin » jamaïcains autoproduisent leurs disques où ils commentent l'actualité, et les vendent de ville en ville. La diction peut parfois être ultra-rapide.
Dès 1985, La révolution numérique s’amorce via le producteur Loyd « King Jammy » James qui crée son riddim Sleng Teng (instrumental) à partir uniquement d'une boite à rythme, synthétiseur et autres outils laissant peu de place aux musiciens. C'est le début du numérique.
De nombreuses expérimentations voient le jour et principalement à travers la création de rythmiques plus rapides qui se détachent des rythmiques numériques mais plus « roots ».
C’est à partir de cette période que toute une génération de chanteurs représentatifs du style dancehall digital va tenir la tête de l’affiche en Jamaïque.
Ce style n'existe donc pas en tant que tel en Jamaïque, personne n'a jamais parlé de « raggamuffin » comme étant un style musical. On dit le dancehall, style musical dansant mais reflétant la réalité jamaïquaine dans son intégralité. On y trouve des thématiques sociales (conscious), sexuelles (slack) ou encore bien d’autres.
En France, le chanteur Tonton David est l'un des pionniers du dancehall français. Avec son titre Peuples du monde présent sur la compilation Rappattitude en 1990, le dancehall émerge de l'univers underground pour investir les petits écrans et les radios.
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